Voyage au Japon : le musée du mémorial de la paix d'Hiroshima
Destination au lourd patrimoine historique et culturel, Hiroshima s’est hélas fait connaitre dans le monde entier pour les atrocités dont elle a dû faire face et se relever.
Après avoir subi le premier bombardement atomique de l’histoire lors de la seconde Guerre mondiale (le 6 août 1945) décimant la quasi totalité de la ville et ses habitants, Hiroshima à longtemps été associé à la mort et à la souffrance.
Désireuse de me rendre sur les lieux pour me recueillir, en apprendre plus sur son histoire et voir de mes propres yeux ce phœnix qui a su renaître de ses cendres, je me suis rendue à Hiroshima pour découvrir le musée du mémorial pour la paix.
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Voyage au Japon : le musée du mémorial de la paix d'Hiroshima
Située près du bord de mer, je me souviendrais toujours de la première fois où j’ai visité la ville de Hiroshima.
Le ciel était alors chargé et gris et l’atmosphère lourde et pesante.
La ville est magnifique moderne et très jolie avec de nombreux lieux et trésors de visites et pourtant mon premier sentiment en arrivant sur place fut de la tristesse en repensant à tout ce qu’elle a dû endurer.
J’étais comme beaucoup de gens qui découvrent Hiroshima pour la première fois, émue et j’ai dû mettre plusieurs heures avant de me sentir plus à l’aise et voir la ville sans un voile de tristesse devant les yeux (pour vous dire je n’ai même pas réussi à manger durant plusieurs heures tant j’avais la gorge serrée)..
J’imagine que par un joli ciel bleu j’aurais eu le coeur moins lourd en arrivant à Hiroshima mais mère nature n’a pas voulue qu’il en soit autrement.
Ce premier jour de visite s’est donc déroulé sous un ciel gris et une ambiance triste et solennelle même si les rires des enfants que je croisaient me rappelaient à chaque fois que même s’il était important de pleurer nos morts et se souvenir du passé, j’avais aussi le devoir de sourire pour honorer cette ville magnifique qui a su renaître et devenir un véritable symbole de paix et de croissance.
Avant de rentrer dans l’enceinte du bâtiment j’ai fait quelques photos du monument commémoratif qui se trouvait devant le mémorial.
Érigé le 6 aout 1952, ce dernier rend hommage aux milliers de victimes de la catastrophe.
En se rapprochant de ce dernier, les visiteurs de passage peuvent lire :
« Reposez en paix car nous ne laisserons pas se reproduire la tragédie « .
Au milieu de la structure, vous y trouverez un cercueil renfermant le registre des victimes de la bombe atomique.
Après avoir fait quelques photos de ses espaces extérieurs, direction l’enceinte du musée du mémorial pour la paix.
Inauguré en 1955, ce monument conçu par l’architecte Kenzo Tange se veut à la fois moderne et sobre.
Véritable lieu de recueil, touristes et groupes scolaires visitent ce lieu de mémoire et même si le mémorial est très fréquenté et ne désemplit pas c’est dans le silence et le plus grand respect que les gens le parcourent.
Après m’être acquittée d’un droit d’entrée symbolique et dérisoire, je me suis dirigée vers les galeries du musée du mémorial de la paix.
Divisé en plusieurs sections nous sommes d’abord invité à en apprendre plus sur l’histoire et les enjeux politiques de ce conflit meurtrier.
Au même titre que les groupes étudiants que je suivais, j’avançais en silence en prenant connaissance de chaque panneau, maquette, photo ou objet présenté jusqu’à rejoindre la deuxième partie du musée dédiée qui fait suite à la catastrophe.
Riche en explications, archives, objets et documents d’époque, j’ai très vite réalisé que j’étais vraiment loin de la réalité en terme de souffrance et d’horreur.
Que ce soit à travers des photos, maquettes, vidéos, témoignages audio ou objets, le musée est fait de telle manière que le visiteur ne peut que se projeter dans ce douloureux moment d’histoire qui a fait plonger la ville de Hiroshima dans l’horreur en quelques minutes.
Plus j’avançais à travers les galeries, plus j’avais mal pour ces gens et c’est avec émotion que j’ai découvert les derniers moment des habitants d’Hiroshima avant le drame et la catastrophe après l’explosion de la bombe atomique.
Avec la bombe explosant à 600 mètres du sol, plus de 80 000 personnes ont été tuées sur le coup mais c’est sans compter sur les ravages à long terme causés par les radiations qui ont eu raison de plus de 15 000 personnes.
La seconde guerre mondiale avait déjà fait plusieurs millions de victimes mais c’était sans compter sur Hiroshima qui allait repousser les limites de la cruauté humaine en tuant plusieurs milliers de personnes en un instant.
L’homme est capable du pire et peut même aller jusqu’à s’auto detruire par le biais du nucléaire.
Ce bombardement atomique a marqué l’humanité mais ce mémorial, le parc de la paix et le dôme Genbaku font en sorte tout en nous rappelant le passé de préparer l’avenir pour que jamais cette atrocité ne puisse se reproduire.
Très visuel et illustré montrant juste ce qu’il faut pour ne pas traumatiser les visiteurs de passage ce musée a avant tout pour but de sensibiliser les gens en leur faisant passer un message très clair : que jamais cette atrocité puisse de nouveau arriver.
Même si certaines photos étaient très dures à regarder je devais pouvoir les soutenir pour comprendre et apprendre.
Ces gens avaient vécu et ressenti l’horreur et j’avais l’impression quelques part d’honorer leur mémoire en osant les regarder (oui je sais c’est bizarre).
Même si ces malheureux étaient réduis à l’état de cadavre ou de cendre c’étaient avant tout des être humains qui comme nous avaient eu une histoire.
Le plus dur pour moi à soutenir a sans doute été les objets et restes de vêtements portés par les victimes.
Une gourde, un vêtement, un sac, un jouet d’enfant … autant d’objets que de vies anéanties réduits à l’état de reste.
Cet événement s’était déroulé il y a plusieurs dizaines d’années mais même si ce dernier semble loin, limite irréel à certain moment … il est important de regarder en face la souffrance pour se rendre compte de la chance que l’on a d’être en vie, d’être né plus tard loin de tout ça et de faire en sorte à sa manière (même par le biais d’un petit article) de rendre hommage à ces victimes de guerre.
Éducatif et pédagogique on est amené à revivre l’histoire d’Hiroshima avant et après le passage de la bombe atomique.
Avant
Après
Que représentait Hiroshima aux yeux des américains, pourquoi l’avoir prise pour cible …. autant de questions auxquelles le mémorial répondra de manière neutre et objective.
Que ce soit les crimes de l’armée japonaise durant la seconde guerre mondiale ou autres méfaits commis par le Japon, rien n’est occulté et à aucun moment le mémorial ne se montre accusateur envers les États-Unis.
Ici, on n’est pas là pour critiquer ou pointer du doigt mais pour apprendre et en ressortir plus humain face à l’horreur.
Car enfin, au-delà des dégâts matériels, c’est une hécatombe humaine sans précédent auquel Hiroshima a dû faire face.
Dans une ambiance tamisée avec peu de lumières, je continuais à traverser avec la gorge serrée les galeries du mémorial qui révélaient aux visiteurs de passage des scènes de chaos et de ruines : des décors à demi écroulé, des mannequins défigurés, brûlés et amputés … des décors certes dures à soutenir mais hélas servant juste à illustrer une réalité accompagnée de clichés et de films d’époque.
Là ou certains auraient pu y voir des représentations glauques et malsaines je vous répondrais que ce n’est qu’hélas que la triste représentation d’une réalité vécue.
A ces illustrations vous trouverez de nombreux objets (jouets pour enfants fondus, uniformes d’écoliers, vêtements, bijoux) ayant appartenu aux victimes et qui ont dans une certaine mesure survécu à la bombe atomique.
Pour certain d’entre eux, on est parvenu a retracer leur histoire et à retrouver la photo de leur propriétaire ce qui contribue à rendre ces derniers d’autant plus précieux et émouvant.
Enfin, vous trouverez de nombreux plans et maquettes de la ville avant et après le passage de la bombe atomique qui nous montrent qu’en quelques minutes presque tout Hiroshima a été intégralement rasée.
La dernière partie du mémorial est dédiée quant à elle à la reconstruction d’Hiroshima.
Pour les survivants et les victimes de la bombe atomique il était alors vital de se relever, panser ses plaies et quitter le couloir de la mort pour rejoindre le monde des vivants.
Ses hommes avaient certes tout perdu mais ils avaient le devoir de vivre au nom des êtres chers disparus.
Ces survivants de Hiroshima (également appelés hibakusha ou les irradiés) allaient pour la plupart devenir des portes paroles et des témoins pour les générations futures.
Même si beaucoup de ces derniers ne sont plus là, leurs enfants continuent d’arpenter le mémorial et la ville pour raconter leur histoire en tant que bénévoles.
Parmi les nombreux récits et témoignages retranscrits dans le mémorial, j’y ai découvert l’histoire de la défunte Sadako Sasaki, une fillette japonaise née à Hiroshima le 7 janvier 1943 a qui on a diagnostiqué une leucémie due à la bombe atomique.
La meilleure amie de Sadako, Chizuko, lui raconta alors la légende des 1000 grues. Selon celle-ci, quiconque confectionne mille grues en origami voit son vœu exaucé.
Dans l’espoir de contrer la mort elle se mit alors à confectionner des grues en papier en espérant qu’une fois le nombre symbolique des 1000 atteint, les divinités exhausseraient son vœux et lui permettraient de vivre.
Malheureusement cette dernière décéda le 25 octobre 1955 avant d’avoir pu finaliser son projet.
Ses camarades de classe prirent alors le relais et confectionnèrent le reste des grues manquantes (ci-joint un lien Wikipedia pour ceux qui veulent en savoir plus)
Comme vous pouvez le constater, j’ai essayé de prendre quelques clichés pour vous retranscrire mon passage dans ce mémorial mais ce n’était pas sans mal.
Par respect, je n’ai pas fait beaucoup de clichés car il était impensable pour moi de l’assimiler à un spot touristique traditionnel.
C’est avant tout un lieu solennel et émouvant invitant à la réflexion plutôt qu’au selfie (même si je vous avouerais que j’ai vu des touristes sans scrupules se prendre en photo à côté de portraits de personnes décédées … comme s’ils étaient à Disney)
Après 4 heures passées au sein du musée c’est bouleversée et silencieuse que j’en suis ressortie.
J’ai du prendre plusieurs minutes avant de sortir de ma stupeur.
Passé ce moment, j’ai alors regardé avec émotion et fierté le parc et cette ville qui se dressaient fièrement devant moi.
Pleine de vie elle avait connue le pire et c’était un devoir de mémoire de me rendre à ce mémorial mais je devais a présent honorer le vie pour me focaliser sur ce que Hiroshima a construit depuis la catastrophe pour ne pas uniquement la voir en victime mais en guerrière pacifiste qui avait su renaître de ses cendres pour devenir plus belle et forte que jamais.
D’ailleurs, je vous recommande vivement de commencer votre visite d’Hiroshima par le mémorial pour qu’une fois l’horreur passée vous vous focalisiez sur la vie tout en faisant en sorte de ne jamais oublier ce passage dans le mémorial pour que jamais de telles horreurs ne puissent se reproduire.
Avant de ressortir du musée j’ai voulu garder une trace de ma visite en faisant tamponner mon carnet de voyage.
Activité très prisée au Japon, les japonais ont pour habitude d’avoir sur eux un petit carnet de visite qu’ils ne manquent pas de faire tamponner pour garder une trace de leur passage.
Peu adepte de la pratique j’ai pourtant fait une exception ce jour comme pour certifier mon devoir de mémoire.
Le musée du mémorial de la paix d'Hiroshima : avis de la petite française
Positif | Negatif |
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Très émouvant et instructif ce mémorial sensibilise les visiteurs à la menace des armes nucléaires à travers le monde. La ville d’Hiroshima prône à travers ce musée un message de paix sans critiquer ni pointer du doigt les responsables. Ici, on est là avant tout pour réveiller l’humain qui est en nous et faire en sorte que jamais de telles horreurs ne se reproduisent. Offrant au monde une très belle leçon de courage et de paix, la ville montre aux visiteurs de passage tout ce qu’elle et ses habitants ont dû entreprendre pour se reconstruire malgré ses stigmates. |
Informations pratiques - Séjour à Hiroshima
広島平和記念資料館
Chugoku
1-2 Nakajimacho, Naka Ward, Hiroshima, Hiroshima Prefecture 730-0811, Japon
Une fois à Hiroshima, prenez le tramway en direction de Miyajimaguchi ou Eba puis descendez à la station Genbaku-Domu-mae. Vous devrez alors marcher 5 petites minutes pour rejoindre le mémorial.
japanstation.com
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De 3 à 4 heures en fonction de votre sensibilité
Toute l’année
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de 8h30 à 18h entre mars et juillet et entre septembre et novembre
de 8h30 à 19h en août (jusqu’à 20h pour Obon les 5 et 6 août)
de 8h30 à 17h entre décembre et février
Dernière entrée 30 minutes avant la fermeture
Fermé les 30 et 31 décembre
La 6 Août 1945 : date du bombardement atomique sur Hiroshima
site officiel en anglais le mémorial de la paix à Hiroshima
PS : Si vous avez envie que je vienne découvrir un endroit spécifique au japon, n’hésitez pas à m’écrire !